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Ex in the City Page 7
Ex in the City Read online
Page 7
— Salut, dis-je à mon tour dans le téléphone.
— C'est Jack, on s’est rencontrés samedi soir.
Jack ! Le colocataire de Mike, mon patron.
— Ah, salut, redis-je faiblement.
Mon cœur bat un peu plus vite. Malgré tous mes regrets concernant mon attitude samedi, je reconnais qu’il a une belle voix. Je ne m’en étais pas aperçue parce que la musique était trop forte et que nous étions obligés d’hurler pour nous entendre. Contrairement à Will, qui a une voix de ténor au point qu’on le prenait parfois pour une femme quand il faisait du télémarketing, Jack a une voix grave et chaude.
— Tracey, tu travailles pour mon colocataire !
Merde.
— Je viens tout juste de le comprendre. Je ne savais même pas que Mike partageait son appartement avec quelqu’un.
— Je lui ai parlé de notre rencontre hier, et nous nous sommes rendu compte que c’était vraiment dingue comme coïncidence…
J’aurais voulu être une petite souris pour entendre la conversation !
« Dis donc, Mike, je suis sorti avec une nana en minirobe rouge moulante, elle avait un petit coup dans le nez, supercool, la nana ! »
« Mais ce ne serait pas Tracey ? mon assistante ? »
— ... J’ai cherché ton numéro dans le répertoire de la boîte.
Elémentaire, mon cher Watson !
Je suis très partagée, d’un côté je me sens flattée et excitée qu’il m’appelle, de l’autre, j’aurais préféré classer cette aventure pour oublier ma honte.
—... et je pensais que nous pourrions nous revoir.
— Pardon ? Tu pensais ?
Il rit.
— Je pense.
Il a envie de sortir avec une fille qui se conduit si mal ? Une fille qui s’est donnée en spectacle devant tout le personnel de la boîte ? Il n’a pas l’air d’en être le moins du monde contrarié ! Au contraire, il poursuit d’une voix chaleureuse :
— Es-tu prise vendredi soir ?
— Euh, je ne sais pas encore… Puis-je te rappeler cet après-midi ?
Il hésite.
— Bon, d’accord.
— Je dois joindre d’abord des amis avec qui j’avais prévu de sortir.
Quelle menteuse je fais…
— Pas de problème.
— Je…
— J’ai compris, tu n’es pas libre.
Tout à coup, je me sens comme Kate Winslet couchée sur une planche au milieu des icebergs en plein Atlantique Nord, serrant la main de son amoureux et sentant que cette main commence à la lâcher.
« Nooooooon, ne me quitte pas, Jack ! »
— Ecoute, dis-je rapidement, je me souviens que ma soirée était prévue samedi, pas vendredi. Enfin, je n’en suis pas sûre, je dois vérifier auprès d’eux, mais il me semble que je serai libre en fait, vendredi.
— Super.
J’entends une sonnerie lointaine.
— Je dois te laisser, on m’appelle sur une autre ligne, dit-il.
— D’accord.
— On se rappelle, alors ?
— D’accord.
— Salut.
— Merci pour ton appel.
— Je t’en prie. A plus tard.
Je suis folle de joie. Il m’a appelée !
Je suis inquiète. Pourquoi m’a-t-il appelée ? J’ai besoin d’un avis extérieur. J’appelle Kate. Elle est chez elle, bien sûr. En ce moment, elle ne travaille pas. Elle ne travaillera sans doute jamais plus. Quand j’ai fait sa connaissance, elle travaillotait en attendant de rencontrer le prince charmant, un riche prince charmant, bien entendu. Ses parents, de riches retraités vivant à Mobile, payaient ses factures sans rechigner. Depuis qu’elle a rencontré Billy, elle joue à la femme au foyer, sans foyer. Ni mari. Du moins pas encore.
— Tu ne devineras jamais qui est l’invité de l’émission Régis et Kelly ce matin ? me demande-t-elle juste après avoir décroché.
J’entends le son de la télé en fond sonore, des applaudissements et la voix de Régis.
— Ecoute, Kate…
— Tu te souviens de ce type blond qui jouait dans ce film qu’on a vu ensemble l’été dernier ?
— Kate, il faut que je te parle. Je suis au boulot et je n’ai qu’une minute. C'est important.
Il faut parfois user d’un ton dramatique pour réussir à extraire Kate de son petit univers ouaté. Mais je sais que ça marche.
— Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Tu vas bien ? Pourquoi murmures-tu ?
— Parce que je suis au bureau et que je ne veux pas qu’on m’entende.
— Qu’on entende quoi ? Oh, mon Dieu, tu es enceinte ?
— Non !
J’aurais dû appeler Buckley, il aurait réagi plus calmement. Mais c’est trop tard, alors je raconte brièvement à Kate ce qui m’est arrivé samedi soir.
— Tu as couché avec lui ?
— Non ! On s’est juste embrassés, mais tout le monde nous a vus, et en plus, c’est le colocataire de mon boss ! Je ne sais pas quoi faire ! Et si je sors avec lui vendredi et que je vais chez lui, tu me vois prendre le petit déjeuner en face de Mike en pyjama ?
— Oh, et puis pourquoi pas après tout ?
— Réfléchis cinq minutes, voir ton boss en pyjama, ce n’est pas la meilleure des choses ! En tout cas pas pour moi.
J’ai soudain la vision de Mike en petite tenue. Rideau.
— Je ne dis pas que c’est une bonne chose pour toi de voir ton boss en pyjama, je ne suis pas idiote. Je ne te conseille pas non plus de coucher avec Jack dès vendredi soir, je te dis seulement que c’est bien qu’il t’ait rappelée et je pense que tu devrais accepter son invitation. N’oublie pas ce que Will t’a fait, tu mérites de rencontrer quelqu’un de bien et qui te respecte.
Mille fois merci, Kate, pour ces conseils !
A la place de l’image de Mike en pyjama, je revois Will et sa batterie de mensonges.
— Mais c’est quand même le colocataire de Mike !
Je l’imagine levant les yeux au ciel.
— Et alors ? Ce n’est qu’une soirée avec un type sympa. Point. Cela ne veut pas dire que c’est l’homme de ta vie.
— Qu’est-ce que tu entends par là ?
— Prends ça simplement comme une soirée qui va te changer les idées. Je sais bien qu’il va te falloir du temps pour passer de cette relation pourrie avec Will à une relation plus heureuse avec un homme normal. Prends cette aventure comme une étape. Tu as besoin de cicatriser.
— C'est déjà fait.
Et c’est vrai. Quand Will me téléphone, je ne m’attends plus à ce qu’il m’annonce qu’il s’est trompé. Bon, d’accord, cela ne fait pas longtemps que je réagis comme ça. Pour être honnête, cela ne date que du dernier coup de fil, et encore, j’ai eu un coup au cœur quand il m’a parlé de ses prochaines vacances de Noël avec Esme. Ils partent skier dans le Vermont.
— Tu es en train de cicatriser, mais tu n’es pas guérie, reprend Kate. Tu n’es absolument pas prête à te lancer dans une histoire sérieuse avec quelqu’un.
— Alors pourquoi me pousses-tu à sortir avec Jack ?
— Parce que tu as besoin d’un homme intermédiaire, un petit ami de transition, un amour passager en somme.
— Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
— Un mec qui te ramène dans la vraie vie. Un mec qui te fasse oublier l’ancienne Tracey, celle qui subissait les exigences et les mensonges de Will sans rien dire, un mec qui te permette de faire éclore la nouvelle Tracey…
— En somme, un Monsieur Propre qui fasse le ménage en moi et qui me donne un petit coup de fraîcheur.
Silence à l’autre bout de la ligne.
— Tu es libre de voir les choses comme cela, dit-elle, vexée, mais ne laisse pas passer l’occasion de rencontrer quelqu’un de nouveau. Même si ce n’est évidemment pas le bon… Il a peut-être un copain qui se révélera être le bon le jour où tu seras prête.
Je pense que Kate regarde trop de feuilletons à l’eau de rose en
ce moment. Je la remercie néanmoins pour ses précieux conseils et je raccroche, guère plus avancée. Je ne me souviens même pas du visage de Jack. Est-il aussi canon que je le pensais samedi soir ? Ou était-ce l’effet de l’alcool ? Si ça se trouve, il est moche comme un pou. Ne croyez pas que les apparences comptent autant pour moi. Je ne suis pas aussi futile ! Quoique… Quand on passe autant de temps à se regarder dans la glace et à observer les autres, on est forcément un peu futile. Mais tout le monde l’est, non ? Bon, pas ma famille. Ni Buckley. Ni mes collègues. Mais j’ai des excuses, j’ai fait tant d’efforts pendant de longs mois pour maigrir que je n’ai pas du tout envie de sortir avec un boudin. Je regrette, ça ne signifie pas que je suis superficielle ! Les gens futiles ne pensent qu’à leur look et ne vivent que pour ça, comme ceux qui travaille pour Elle, ou comme Will, tiens, par exemple ! Voilà quelqu’un de futile. C'est même le plus futile que je connaisse. Il est aussi très beau, mais ce n’est que superficiel. A l’intérieur, il est froid et cruel. Je dois tirer la leçon de cette histoire. Désormais, je serai prudente. Et je réfléchirai à deux fois avant de m’impliquer sentimentalement. C'est décidé, je vais avoir un « petit ami de transition », une passade agréable, comme dit Kate, mon gourou en relations amoureuses. Quand je serai prête, je me lancerai dans quelque chose de plus sérieux. Je suis d’accord, pour l’instant, il ne s’agit pas de s’engager mais autant que le candidat potentiel soit mignon, non ? Prenez Jack, au hasard, il semble me souvenir qu’il était assez canon. C'est très simple, il n’y a qu’un truc à faire pour me rassurer avant de me lancer dans cette nouvelle aventure : faire développer les photos de la soirée. Le plus vite possible !
A Manhattan, il y a une quantité incroyable de boutiques qui s’engagent à développer vos photos en une heure. Je vais vous dire ce que j’en pense : c’est de la publicité mensongère. Enfin, ça vaut pour la boutique qui est installée au rez-de-chaussée de ma boîte. La femme en sari qui est au comptoir baragouine un peu d’anglais. J’articule pour lui demander à quelle heure mes photos seront prêtes, je crois comprendre :
— Jamais.
Dans ma hâte à vouloir les récupérer au plus tôt, je m’offre un petit coup de stress, mais c’est vrai que chaque fois que je passe devant son comptoir, je l’entends dire la même chose aux clients pressés. Je sens une bouffée de haine m’envahir. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression qu’elle m’a prise en grippe. Sent-elle que de ces photos dépend le reste de mon existence ? Je suis sûre que son collègue et elle profitent de leur pouvoir.
Un peu plus tard dans l’après-midi, nouvelle crise de parano. J’attends l’ascenseur aux côtés de miss Coincée, j’ai nommé Susan, la chef comptable. Elle parle avec une de ses collègues, cadre elle aussi. Je la vois lui donner un coup de coude au moment où je m’approche. Vous allez croire que je délire, mais pas du tout. Je suis formelle, au moment où les portes de l’ascenseur se referment, j’entends Susan murmurer :
— C'est elle.
Elle qui ? Elle quoi ?
Elle qui est sortie avec un mec de la boîte au vu et au su de tout le personnel, bien sûr ! Je m’appuie contre la paroi de l’ascenseur en fermant les yeux et en priant pour que l’enfer m’engloutisse. Pourquoi ai-je oublié mes lunettes de soleil sur mon bureau ? Je prends un air détaché, essayant de ne pas remarquer les coups d’œil curieux de la collègue de Susan qui me regarde comme si j’étais la dernière des traînées. Je ne supporterai pas cette humiliation très longtemps mais comment faire ? Je porterai toute ma vie une étiquette de Marie-couche-toi-là, sauf si Jack et moi finissons par nous marier. Les gens mettront alors cette fougue sur le compte du coup de foudre. Bon, je n’ai plus qu’à me marier avec Jack. C'est simple.
Finalement, mes photos sont prêtes mardi midi. Je les arrache de la main de mon ennemie en sari. J’ai appris qu’elle est en fait la propriétaire de la boutique, et c’est officiel, nous nous détestons cordialement.
— Ça fait vingt-deux dollars cinquante, me jette-t-elle sèchement.
— Vingt-deux dollars cinquante ? dis-je sur un ton abasourdi comme si elle me demandait toutes mes économies.
Ce qui est à peu près le cas.
— Vingt-deux dollars cinquante, répète-t-elle en me montrant le panneau au-dessus de sa tête.
— Mais c’est le tarif pour le développement en une heure ! je proteste.
— C'est bien ce que vous avez coché sur le ticket, n’est-ce pas ?
— Mais ça a pris beaucoup plus d’une heure !
Elle pousse un soupir exaspéré et me montre une phrase écrite en petits caractères : « Nous ne garantissons pas le développement en une heure. »
— Mais si je l’avais su, j’aurais pris la formule moins chère, dis-je en haussant le ton.
La formule moins chère propose le développement pour le lendemain, avec un deuxième jeu gratuit, le tout pour douze dollars !
— Vous avez coché cette case, vous payez vingt-deux cinquante.
— Mais c’est de l’arnaque !
— Pas grave, je garde les photos.
— Non !
Et dans un réflexe enfantin, je brandis l’enveloppe au-dessus de ma tête.
— Vingt-deux dollars cinquante, madame, sinon, j’appelle la police.
— O.K. Très bien. Prenez-les vos vingt-deux dollars cinquante.
Je les jette sur le comptoir et pars sans me retourner jusqu’à l’ascenseur. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur, entourée d’un homme de ménage et d’un coursier, que je retrouve mon calme et que je me décide à ouvrir l’enveloppe.
Je passe rapidement sur les premières, je cherche celle où l’on nous voit, Jack et moi.
Nous sourions, face à l’objectif, il me tient dans ses bras. Nous ressemblons à un couple.
Et Jack… Jack est vraiment très beau.
D’accord.
Je sors avec le colocataire de mon patron.
C'est trop bête quand même, me dis-je en regardant encore la photo, il ne sera qu’un petit copain de passage.
6
Vendredi, fin de la journée.
Je me rue dans les toilettes pour me changer. J’enfile une petite robe noire moulante qui me va très bien. Aucune courbe n’échappe à l’œil averti, c’est beau mais je sens que je vais me geler car un vent glacial sévit à cette époque de l’année. J’ai d’abord pensé porter une jupe un peu longue avec une veste de tailleur car j’avais peur que Jack imagine que je suis une allumeuse. Et puis, j’ai décidé d’assumer. Pas le fait d’être une allumeuse, mais tout simplement d’être sexy. C'est pourquoi, avant de partir de chez moi ce matin, j’ai glissé cette adorable minirobe noire dans mon sac. Quelque chose de plus fort que moi m’a poussé à le faire. Bon d’accord, pas quelque chose, quelqu’un : Raphaël. Il a passé la nuit chez moi car son appartement venait d’être désinfecté.
— Du tweed ? Tu ne vas quand même pas porter du tweed pour sortir avec un mec, Tracey ? m’a-t-il demandé sur un ton horrifié.
J’ai regardé avec honte le tailleur noir, les collants opaques et les mocassins plats que j’avais préparés. Il a repris perfidement :
— A moins qu’il ne soit témoin de Jehovah et que tu l’accompagnes dans sa tournée ?
Ce sera donc la robe noire qui me moule tellement que je me suis privée de déjeuner pour ne pas avoir un ballon à la place de l’estomac. Cela dit, je n’ai pas faim du tout, c’est le stress et aussi mes fameuses petites pilules roses. En revanche, je suis gelée. J’ai eu froid toute la journée, et tout le week-end, du reste. Je ne rêve que de rentrer chez moi et de me glisser sous ma couette. En fait, vous voulez que je vous dise ? J’ai la trouille ! Et j’ai encore deux heures à tuer avant de retrouver Jack. Nous avons rendez-vous chez Tequila Murray, un bar mexicain dans le Village. C'est moi qui lui ai suggéré cette adresse, alors que lui avait proposé que nous nous retrouvions dans le hall à la sortie du bureau. Ben voyons ! Nous nous sommes suffisamment donnés en spectacle samedi dernier. Inutile d’en rajouter.
Comme vous le voyez, je fais toujours ma petite crise de parano et je me demande bien pourquoi j’ai accepté de le revoir ce soir. Quoi qu’il en soit, maintenant, il est trop tard pour faire machine arrière, je n’ai plus qu’à prendre le métro, ligne 6, direction Bleeker avec Raphaël. Rassurez-vous, il ne va pas tenir la chandelle ce soir, il a lui-même rendez-vous plus tard avec quelqu’un, un type qui travaille dans le bâtiment et qu’il a rencontré au rayon culottes de soie de chez Victoria Secret.
Sans commentaires...
Arrivés chez Tequila Murray, nous prenons place tous les deux à une table près d’une fenêtre. Comme c’est happy hour, nous avons droit à deux tequila pour le prix d’une.
— Hé, salut, Raphaël ! Comment vas-tu ? demande la serveuse en déposant un plein panier de chips, de sauce et de guacamole devant nous.
— Geri ! J’ignorais que tu bossais ici !
— Depuis une semaine seulement.
Pendant quelques instants, Geri et Raphaël papotent ensemble. Ils parlent de gens que je ne connais pas, de lieux où je ne suis jamais allée… Avec Raphaël, c’est tout le temps comme ça. Je souris bêtement dans le vide en attendant qu’ils aient fini. Enfin, Geri prend notre commande : je prends un margarita et Raphaël un truc qui s’appelle golden cadillac. Geri lui fait remarquer que normalement à cette heure-ci, on ne sert que des margaritas mais qu’elle veut bien faire une exception pour lui. Alors qu’elle s’éloigne, j’interroge Raphaël :
— Tu connais tout le monde à Manhattan ?
Machinalement, je tends la main vers les chips. Je me retiens à temps, avec cette robe, je ne dois rien manger de superflu.
— Non, pas tout le monde quand même ! Mais lui, je le connais parce qu’il sortait à une époque avec mon copain Jacob.
— Lui ? Mais de qui parles-tu ?
— Jacob. Tu le connais, il bosse pour Sondheim Review.
Inconnu au bataillon. Je n’y comprends rien. Je tente encore.
— Et qui sortait avec Jacob ?
— Lui. Le serveur.
Un serveur ? Je regarde autour de moi. Je ne vois que Geri au bar ou plutôt Jerry. A bien l’observer, je m’aperçois que sa poitrine est aussi prometteuse que son entrejambe moulé dans un pantalon de torero. Je respire profondément. Je devrais pourtant être habituée, depuis le temps que je connais Raphaël, à ne rencontrer avec lui que des personnages — comment dire ? — originaux.