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Ex in the City Page 21


  — Et toi, Tracey, comment vas-tu ? Tu es maigre comme un clou.

  — Merci.

  — Ce n’est pas un compliment.

  Je reconnais bien là la délicatesse habituelle de la famille Spadolini, mais je décide de ne pas m’en formaliser.

  — Pour moi, c’est un compliment.

  Mary Beth secoue la tête en me regardant de haut en bas. Je porte un pull noir à col roulé, un jean noir et de grandes bottes de cuir. Je porte mon manteau sur un bras.

  — Tu fais la grève de la faim ?

  — Mais non ! Je mange, mais moins qu’avant.

  Et moins que toi, ai-je envie d’ajouter. Aussitôt que cette pensée me traverse l’esprit, je m’en veux, mais c’est évident qu’elle a encore pris du poids depuis Thanksgiving. Le mois dernier, le gilet rouge que je lui avais offert lui allait parfaitement. Aujourd’hui, les boutons bâillent sur sa poitrine généreuse. Ma sœur est en train de devenir une copie conforme de ma mère, qui est elle-même un clone de sa propre mère.

  — Tu devrais faire attention, les hommes n’aiment pas les femmes maigres, dit Mary Beth sur un ton entendu.

  Je me demande bien d’où elle sort ce genre de truc, ça vient sans doute de ma mère, en tout cas pas de son mari qui lui fait des réflexions à chaque bouchée.

  — Je ne suis pas si maigre.

  — Mais si, et tu ne t’en rends même pas compte. J’ai lu un article là-dessus, il paraît que ça arrive tout le temps. Les femmes comme toi ne se voient pas telles qu’elles sont.

  — Tu parles des anorexiques. Rien à voir avec moi.

  Mes bagages arrivent à point nommé pour nous éviter de nous lancer dans une discussion désagréable. Je guette le tapis roulant, cherchant une valise noire avec le ruban rouge que j’ai eu la bonne idée de mettre dessus. Comme une bonne dizaine de passagers de mon vol ont eu la même idée, ce n’est pas si simple, mais finalement, je récupère mon bien et nous sortons enfin de l’aéroport dans une véritable tempête de neige. L'air froid me glace les os. J’enfile vite mon manteau et le boutonne jusqu’au cou. Le manteau grand ouvert, Mary Beth avance sous la neige sans même s’en rendre compte.

  — Il va tomber trente centimètres aujourd’hui et autant demain.

  La neige. Aspen. Jack.

  C'est dingue comme tout me ramène à lui. J’ouvre la bouche pour raconter à ma sœur que j’ai rencontré quelqu’un mais elle ne m’en laisse pas le temps. Elle s’est lancée dans la description détaillée du cadeau de Noël de Vinnie, une boîte à outils qu’elle a commandée par correspondance chez Craftsman Tool Hour.

  Deux jours plus tard, je n’ai pas encore parlé de Jack à qui que ce soit. Je pense que je repartirai sans avoir abordé le sujet. Ma sœur ne s’occupe que de Vinnie et de ses enfants, mes frères ne s’intéressent pas à moi, mes parents ne seraient pas ravis d’apprendre que je sors avec « un étranger ». Ils rêvent pour moi d’un garçon de Brookside, qui vivrait toujours à Brookside et qui n’aurait pas l’intention, jamais, de quitter Brookside. La seule personne à qui j’ai envie de raconter que je suis amoureuse est ma belle-sœur Sara, mais elle est au lit avec une gastro.

  Cet après-midi, alors que la tempête fait toujours rage, ma mère, ma sœur et moi sommes dans la cuisine pour préparer les célèbres cucidati. Comme je suppose que votre culture culinaire italienne est plus limitée que la mienne, je vais vous expliquer de quoi il s’agit. Les cucidati sont des gâteaux de Noël de forme trapézoïdale aussi indispensables à l’ambiance de fête que les grosses ampoules rouges et ovales que mon père installe autour du toit de la maison au début du mois de décembre.

  Quand je suis devenue adolescente, j’ai osé demander pourquoi nous n’installions pas plutôt des petites ampoules blanches sur le toit comme celles de la famille Gilbert plus bas dans la rue, et aussi pourquoi nous n’achetions pas nos gâteaux de Noël chez Top Market comme tout le monde et en particulier comme les Gilbert. Ma mère a pris un air pincé et m’a répondu que les gâteaux vendus à l’épicerie avaient un goût de plâtre. Personnellement, je pense que les cucidati ont un goût ignoble, et à choisir… Mais, bien sûr, je me suis bien gardée de le lui dire. Avant de s’installer dans notre rue, les Gilbert habitaient le Midwest et ignoraient totalement ce qu’étaient des cucidati. Je me souviens de ce jour de décembre, j’avais huit ans, maman m’a demandé d’aller leur apporter une assiette garnie de gâteaux pour leur souhaiter la bienvenue dans le quartier. C'était encore l’époque où l’on pouvait envoyer une petite fille de huit ans faire une course sans craindre, ni même penser, qu’elle puisse être agressée par une bande de serial killers pédophiles. Je me suis donc retrouvée avec mes nattes et mes dents de lapin, qui n’avaient pas encore rencontré un appareil dentaire, devant la porte de nos nouveaux voisins et tendant une assiette recouverte de papier alu à une Mme Gilbert très BCBG, qui m’a demandé sur un ton extrêmement poli mais néanmoins perplexe :

  — Euh, c’est très gentil… Mais qu’est-ce que c’est ?

  Malgré mes explications, elle n’a pas eu l’air de comprendre que ça se mangeait. Cela va peut-être vous surprendre mais jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais rencontré qui que ce soit qui sache ce que sont les cucidati et je ne connais personne parmi mes amis qui accepterait de passer deux jours entiers enfermé dans une cuisine étouffante afin d’en fabriquer vingt douzaines. C'est un travail pour trois hommes, ou plutôt trois femmes car dans la famille Spadolini, les hommes n’entrent dans la cuisine que lorsque la table est mise. N’en déduisez pas que je n’apprécie pas ce moment. J’aime assez cette ambiance féminine, un brin nostalgique, avec mes neveux sous la table qui jouent avec leurs petites voitures comme mes frères l’ont fait avant eux avec, en fond musical, les Ray Coniff chantant Silver Bells. Manhattan est à des années-lumière d’ici, un autre monde.

  — Tu les fais trop épais, dit ma mère qui s’approche avec son rouleau à pâtisserie.

  Elle prend ma place et d’un coup de main expert, aplatit le morceau de pâte comme il doit l’être.

  — Tu as vu, c’est comme ça.

  J’essaie à mon tour, la pâte s’émiette à la façon d’un crumble.

  — Laisse-moi faire, dit-elle.

  Elle me montre encore une fois, c’est parfait. A mon tour, catastrophe. Je le prends avec humour.

  — Bon, on dira que c’est une nouvelle recette. Un cucidato façon crumble.

  Ma mère, qui prend tous les préparatifs de Noël très au sérieux, ne rit pas du tout. Je tente une approche plus hypocrite.

  — Peut-être qu’un jour, quand j’aurai ton âge, maman, j’y arriverai aussi bien que toi.

  — Quand j’avais ton âge, j’étais déjà la reine des cucidati, répond-elle du tac au tac. J’étais mariée et Mary Beth était née.

  — Moi aussi, j’étais mariée quand j’avais ton âge, dit ma sœur qui enfonce le clou.

  — C'est vrai, ajoute ma mère. Tiens, à propos de mariage, Bruce Cardolini vient de se fiancer avec Angie Nardone, ils se marieront à la Saint-Valentin.

  — Angie ? Mais elle n’a que dix-neuf ans !

  — Elle en aura vingt le mois prochain.

  — Tu as raison, ça change tout, j’ajoute sur un ton sarcastique.

  J’ai failli oublier qu’à Brookside, les jeunes mariées sont encore des ados et que les filles de vingt-cinq ans encore célibataires sont considérées comme des vieilles filles. Ma mère reprend.

  — Nous sommes tous invités au mariage. La semaine dernière, après la messe, Bruce m’a demandé ton adresse pour t’envoyer le faire-part.

  — C'est très gentil, mais je ne sais pas si je serai libre…

  — Tu pourras peut-être rencontrer quelqu’un, dit Mary Beth comme si cet argument pouvait me décider à revenir dans deux mois.

  J’ai envie de leur dire combien la vie de célibataire a de charme, combien la vie à New York est excitante et trépidante, combien je suis heureuse, mais je m’entends dire :

  — J’ai rencontré quelqu’un.

/>   Elles pâlissent. Sous la table, Vinnie Jr., mon neveu, fait rouler une de ses petites voitures sur mon pied. Je ne bronche pas. Devant leur silence, je précise :

  — C'est vraiment quelqu’un de bien.

  — Tu vas te marier ? demande ma mère en se signant.

  — Est-il aussi bizarre que Will ? demande Mary Beth.

  Pourquoi n’ai-je pas pu tenir ma langue ? C'est trop tard, je ne peux pas revenir en arrière. L'interrogatoire en règle commence. Je prends sur moi et me lance.

  — Non, il n’est pas bizarre, je le connais depuis quelques semaines et le mariage n’est pas d’actualité, mais je l’aime vraiment beaucoup.

  — Il vient d’où ?

  — Westchester.

  Ma sœur, qui est une fidèle cliente de la vente par correspondance, réagit aussitôt.

  — Ah, mais c’est le siège de QVC, en Pennsylvanie.

  — Non, je te parle de West Chester County, près de New York.

  — Il est originaire de New York ? demande ma mère d’un air déçu.

  — Non, dis-je en soupirant, il est des environs.

  — Et d’où viennent les siens ? insiste-t-elle en écrasant la pâte avec son rouleau.

  — Quelle expression, maman ! Ce n’est pas un empereur !

  Mais ma pointe d’humour ne la fait pas rire et c’est bien ce qui me chagrine, car je sais que ce que je vais dire ne va pas lui plaire.

  — J’ignore d’où viennent ces gens comme tu dis maman, son nom de famille est Candell.

  — Ce n’est pas italien.

  — Qu’est-ce que tu en sais ? C'était peut-être Candellini ou Candello et ils l’ont raccourci quand ils ont émigré.

  — Ah, oui, c’est possible, dit ma mère avec un sourire rassuré.

  — Ou alors, c’était Candellinski, ou Candellowitz, dis-je, et pourquoi pas O'Candell ?

  Enervée, ma mère me coupe la parole.

  — Sa mère est peut-être d’origine italienne, tu crois que c’est possible ?

  Dans la langue Spadolini, ça veut dire : quel était son nom de jeune fille.

  — Comment veux-tu que je le sache ? Je ne l’ai jamais rencontrée, ni elle ni le père de Jack.

  — Il s’appelle Jack ?

  — Oui.

  — C'est un diminutif de John ?

  — Euh…

  — Tu n’en sais rien ?

  — Non.

  — Ah, dit ma mère, les lèvres pincées.

  — Alors, que sais-tu de lui ? demande ma sœur alors que ses fils font maintenant rouler leur mini-Harley le long de mon jean.

  — Je sais que c’est un garçon bien, qu’il a du cœur et, euh…, il…

  Ne dis pas qu’il connaît par cœur les capitales des Etats, elles se moqueront. Ne parle pas non plus de sa fortune, souviens-toi combien maman était exaspérée par celle des Carrington quand elle regardait le feuilleton Dynasty à la télé.

  — Il quoi ? insiste Mary Beth.

  — Il cuisine.

  Elles ne peuvent rien dire, elles cuisinent elles-mêmes.

  Ma mère fronce les sourcils tout en continuant à rouler sa pâte.

  — Tu veux dire qu’il est Chef ?

  — Non, il bosse dans la pub, mais…

  — Tu veux dire qu’il cuisine pour le plaisir ? demande ma sœur. Comme un hobby ?

  — Oui.

  Apparemment, pour elles, c’est aussi excentrique que d’installer autour de son toit des petites ampoules blanches, ou d’acheter pour Noël des gâteaux tout faits.

  — La semaine dernière, il devait me faire la surprise de préparer lui-même tout un dîner.

  — Et pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?

  — Parce que j’étais malade.

  — Parce que tu ne manges pas assez, dit ma mère sombrement.

  Merde ! Je continue malgré tout.

  — Jack m’a rapporté un pot de confiture de pêches d’Atlanta où il était parti pour un voyage d’affaires.

  — Il m’a l’air bien enjôleur, ce garçon, encore un beau parleur !

  Mais comment donc ! C'est connu, les mecs enjôleurs offrent des produits artisanaux pour séduire les femmes qu’ils convoitent !

  — Fais attention à toi, dit ma sœur, qui a oublié qu’elle est la plus mal placée pour me donner des conseils de ce genre puisqu’elle est mariée au plus grand coureur de jupons du quartier. Je trouve que tu t’entiches un peu trop vite de ce garçon.

  — Je ne me suis pas entichée de lui !

  — Tu parles, tu as seulement dit que tu voulais te marier avec lui.

  — Je n’ai jamais dit ça, c’est maman qui l’a dit !

  — Pas du tout.

  — Mais si, tu l’as dit, maman. J’ai dit que je venais de rencontrer quelqu’un et tu m’as aussitôt demandé si nous allions nous marier.

  Ma mère soupire. Ma sœur intervient.

  — Tracey, ton jugement sur les hommes n’est pas fiable.

  Celle-là, elle est bien bonne ! Je tente de me défendre mais ma mère me lance :

  — Ne le laisse pas te faire du mal !

  Alors je jette les armes et je réponds, parce que je n’ai pas le choix :

  — Promis, maman.

  La veille de Noël, Sara nous révèle qu’elle n’a pas de gastro mais qu’elle est enceinte, ce qui a pour effet immédiat de détourner toutes les attentions féminines sur elle. Ma mère, ma sœur et ma belle-sœur Michaela tournent autour d’elle comme des abeilles et chacune y va de son conseil et de son souvenir. Je me tiens à l’écart. Je me sens dans l’attente. Dans l’attente de faire un jour moi aussi partie du club, ou tout simplement de repartir ? Je ne sais pas, je ne suis pas très à l’aise. Jusqu’à présent, Sara était un peu mon alliée dans la famille, je me sens un peu trahie et me voilà, Tracey, l’éternelle célibataire qui vit à New York, qui espère rencontrer un jour quelqu’un de bien, mais qui pour l’instant est la proie facile de tous les beaux parleurs de la planète.

  A 18 heures, nous partons tous ensemble chez ma grand-mère où nous attendent sept sortes de plats de poisson et des montagnes de strufoli, des petits pains au miel roulés dans du sucre, coloré pour l’occasion en vert ou en rouge. Nous irons ensuite, toujours en groupe, à la messe de minuit puis nous rentrerons à la maison où nous attendent le traditionnel vin épicé et les saucisses qui mijotent dans la cocotte en terre depuis des heures. A une époque, je pouvais sans aucun problème manger à 2 heures du matin des saucisses nappées de sauce au piment et aux oignons et arrosées de vin rouge. Puis j’allais me coucher et je dormais comme un bébé jusqu’à midi. C'était quand je m’habillais en quarante-huit.

  Je pense à Angie Nardone qui va se marier, à Sara qui va avoir un bébé et j’ai envie de pleurer. Pourtant, je n’ai aucune envie d’être à leur place, vraiment. Mais c’est quand même difficile d’être célibataire. Non, c’est atroce ! Je veux qu’on m’aime, je veux compter pour quelqu’un. J’en ai tellement envie…

  Mais je sais parfaitement que cela ne peut pas être Jack. D’abord, c’est beaucoup trop bien entre nous, et ensuite, de l’avis de tout le monde, il arrive trop tôt après ma rupture avec Will. Tout le monde sait que ce qui est trop beau pour être vrai est en général… trop beau pour être vrai.

  De toute façon, je suis sûre que Jack ne me rappellera pas. Bon, il y a toujours Buckley. Non, impossible. Il a très bien réagi quand je lui ai dit que j’allais au spectacle avec Jack, mais je sais que je l’ai blessé. Il ne fera plus un pas vers moi désormais et je ne peux pas aller vers lui chaque fois que je me sens seule, ce n’est pas honnête. Son amitié m’est très précieuse mais je sais qu’entre nous deux, ce sera toujours platonique. Point.

  Après une courte nuit et une horrible crise de cafard, l’odeur du bacon frit et la voix de ma mère me tirent de mes rêves tristes.

  — Tracey ! Téléphone pour toi !

  Je bâille, j’enfile un peignoir et je vais dans la chambre de mes parents. Celle-ci, à la différence du reste de la maison, est très simplement meu
blée. Un grand lit double, un bureau surmonté d’un miroir couvert de cartes de vœux. Sur un mur, la traditionnelle photo de mariage fait face à l’incontournable grand crucifix en plâtre. Je m’assieds sur le bord du dessus-de-lit en chenille et j’attrape le téléphone bleu sur la table de nuit, dont le fil est tout tirebouchonné. Je pense que c’est Kate qui a promis de m’appeler de l’Alabama à la seconde où Bill l’aura demandée en mariage. Mais ce n’est pas Kate.

  — Joyeux Noël ! dit une voix que je connais bien.

  Mon cœur se met à battre très vite.

  — Jack ! Joyeux Noël !

  J’entends de l’eau qui coule et des bruits de casseroles. Un instant, je me dis que cela doit venir de chez lui puis j’entends la voix de ma mère dire :

  — Je ne sais pas si c’est lui. C'est une voix d’homme, c’est sûr. Ce n’est plus une gamine, je n’allais quand même pas lui poser des questions !

  Oh, non !

  — Un instant, dis-je à Jack.

  J’écarte l’appareil et je crie :

  — Maman, raccroche, s’il te plaît !

  J’entends un claquement puis le silence.

  — Bon, c’est mieux.

  — Ta maman a eu l’air inquiète quand j’ai demandé à te parler.

  — Elle croit que tu es un beau parleur.

  — Quoi ?

  — Laisse tomber. Comment va Aspen ?

  — Il neige. Et Brookside ?

  — Il neige aussi, dis-je en écartant le rideau pour admirer le spectacle féerique sous ma fenêtre.

  — Tu me manques, me dit Jack.

  — Tu me manques aussi.

  — J’ai réalisé que j’aurais dû t’offrir un cadeau de Noël.

  Waouh ! Beau parleur ou pas, trop beau pour être vrai ou pas, je me moque des conseils des autres, c’est si doux à entendre ! Je m’aperçois qu’il m’a vraiment beaucoup manqué et je crois bien que je suis amoureuse de lui.

  — Tu m’as offert un pot de confiture.

  — Non, je parle d’un vrai cadeau.