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Ex in the City Page 18
Ex in the City Read online
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Il aurait pu me dire que ses parents l’étaient aussi. Après tout, quelle importance ? Ça ne me gêne pas d’avoir des beaux-parents coincés tant qu’ils vivent dans une banlieue éloignée et que Jack et moi…
Arrête immédiatement de rêver, espèce de folle. Qu’est-ce que tu vas encore imaginer ?
Oups ! Même si Jack ne m’en veut pas et qu’il a envie de me revoir, je ne dois pas oublier ce que tout le monde me répète : je ne suis pas encore prête pour une histoire sérieuse. Parce que si je l’étais, je n’aurais pas tout fichu en l’air et je n’aurais pas embrassé Buckley !
Il ne faut rien exagérer, tout de même, c’était seulement un petit baiser.
Un long, merveilleux, délicieux baiser.
Petite pensée du matin : un petit baiser au passage ne fait pas de vous une garce.
Et puis, si j’ai embrassé Buckley, c’est uniquement parce que je croyais que c’était fini avec Jack. Et aussi parce que j’ai toujours été attirée par Buckley. Or si j’étais vraiment prête pour une nouvelle histoire d’amour, je ne penserais qu’à une personne à la fois, et de toute façon, je pense encore à Will. Je ne dis pas que j’ai envie de revenir avec lui, mais je pense à lui et l’opinion qu’il a de moi a encore de l’importance. Même si je ressens globalement une profonde antipathie pour son personnage, une infime partie de moi l’aime encore. Enfin, aime cette minuscule part de lui qui est adorable. Tellement minuscule qu’on passe généralement à côté d’elle sans se rendre compte qu’elle existe…
Ma sœur Mary Beth m’a dit l’été dernier qu’il ne suffit pas de décider qu’on n’aime plus une personne pour ne plus l’aimer. Il faut apprendre à désaimer comme on a appris à aimer. Et surtout, il faut le vouloir, car ça ne se fait pas tout seul.
Ma sœur, par exemple, ne voulait pas vraiment se débarrasser de son mari. Elle ne pouvait donc pas l’oublier et passer à autre chose. Quand j’ai vu qu’ils se remettaient ensemble, j’ai juré de ne pas faire la même chose avec Will. Même s’il me suppliait. Honnêtement, je vais vous dire un truc : dans mon cœur et dans ma tête, c’est définitivement terminé entre lui et moi. Mais c’est lui qui ne sort pas de ma vie, en réapparaissant au moment où je m’y attends le moins. Il m’empêche de tourner la page et il me renvoie à ma solitude. Bon sang ! Je veux retomber amoureuse ! Pas de Will ! De Jack !
Ou de Buckley !
Mais surtout, être en couple !
Tu vois bien que tu es prête à sortir avec n’importe qui pourvu que tu ne sois pas seule !
Je n’ai jamais pris le risque de découvrir ce que pouvait être le célibat. Je me dis qu’il faudrait peut-être essayer de vivre sans un Jack ou un Buckley, juste pour voir ce que ça fait de ne pas sortir avec quelqu’un. Mike me tire de mes pensées.
— Alors, boss, tu rêves ?
— Non, excuse-moi, je suis crevée, j’ai besoin de caféine, je suis à plat.
Il rit comme si c’était la chose la plus amusante qu’il ait entendue depuis longtemps.
Je retrouve Brenda devant la machine à café.
— Tu as passé un bon week-end, Brenda ?
— Chiant… On s’est engueulés, Paulie et moi. Ne te marie jamais.
D’accord.
— Et toi, comment s’est passé ton week-end ?
Je lui raconte le coup de la photo et tout le fiasco qui a suivi. Contrairement à Buckley, ça ne la fait pas rire. Elle me prend dans ses bras et me réconforte en disant qu’elle imagine combien j’ai dû me sentir humiliée.
— Mais il m’a quand même rappelée hier soir, lui dis-je, encore étonnée.
— Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
— Il a seulement laissé un message. Je n’étais pas là, j’étais avec Buckley. Ah, oui, au fait, il m’a embrassée.
Brenda me regarde avec effarement.
— Buckley t’a embrassée ?
— Non, en fait, c’est moi qui l’ai embrassé, mais c’est lui qui en a eu l’idée.
— Je savais que cela se produirait un jour. Vous êtes faits l’un pour l’autre ! dit Brenda.
— Et Jack ?
— Jack ? Oui, il est sympa, mais tu connais Buckley depuis plus longtemps ! Je ne crois pas que tu puisses tomber amoureuse aussi vite de quelqu’un que tu ne connais pas. Surtout après une rupture douloureuse. Buckley est un type bien.
— Jack aussi.
— Oui, mais Buckley est adorable.
— Jack aussi, dis-je, butée.
Et pour appuyer mes dires, je lui raconte l’anecdote du jour où Jack est arrivé en retard à notre rendez-vous pour avoir aidé des vieilles dames perdues dans New York.
— Et tu l’as cru ? demande Brenda, méfiante.
— Bien sûr !
Elle secoue la tête.
— Quoi ? Tu crois qu’il m’a menée en bateau ?
— Peu importe ce que je crois, ma pauvre Tracey. Je pense que tu ne tiendras aucun compte de mes conseils.
Bien sûr que si, ses conseils sont importants pour moi, puisque je n’ai plus du tout confiance en mon propre jugement. Je vois bien qu’elle pense que je ne devrais pas continuer à penser à Jack, mais je n’ai vraiment pas envie d’écouter ce genre de conseils, alors je préfère changer de sujet.
— Tout est prêt pour la soirée d’enterrement de la vie de jeune fille d’Yvonne, mercredi soir ?
— Oui, j’ai parlé de B. le Fabuleux à Latisha, elle a hâte de voir le phénomène !
— Pourquoi pense-t-elle que c’est un phénomène ?
— Euh, sans doute à cause de son nom et aussi parce qu’il est recommandé par Raphaël, qui a toujours de bons plans, n’est-ce pas ?
— De qui parlez-vous ? De Raphaël ?demande Yvonne qui vient d’arriver.
— Comment as-tu deviné ?
— C'est la seule personne que je connaisse qui a des bons plans ! A part moi, bien entendu !
— Alors, le mariage approche ? Tu es excitée ? je lui demande.
— Chérie, si quelqu’un est excité, c’est Thor ! dit-elle avec un clin d’œil appuyé.
— Je croyais que c’était un mariage arrangé, pour la carte verte, demande Brenda intriguée.
— Peu importe, répond Yvonne en inspectant ses ongles manucurés d’un air distrait, il va avoir sa carte verte et moi, je l’aurai dans mon lit. Tout le monde sera content, c’est le plus important, non ?
Je souris, Brenda aussi, Yvonne nous fait un clin d’œil et repart à son bureau avec son café.
— J’espère que j’aurai la même pêche qu’elle quand j’aurai son âge, dis-je pensivement à Brenda.
— Moi aussi, et j’espère que je serai encore avec Paulie…
— J'espère qu’à ce moment-là, je serai enfin mariée !
— Avec Buckley ? demande Brenda avec un sourire.
— Qui sait ?
— Toi, tu penses à Jack !
— Pas du tout, et quand bien même ? Qu’as-tu contre lui ?
— Rien, absolument rien, mais je pense que tu ne devrais pas te jeter à la tête du premier venu.
— La semaine dernière, tu disais que tu le trouvais adorable, supercanon et que c’était génial que je sorte avec lui. Et maintenant, tu me vois mariée avec Buckley !
— Je n’ai jamais dit ça. Et avec Buckley, ce n’est pas du tout la même chose, tu le connais depuis plus longtemps.
— Depuis le printemps seulement.
— Eh bien, on a l’impression que ça fait beaucoup plus longtemps, comparé à Jack. Je ne voudrais pas que tu souffres encore.
— Plus personne ne me fera souffrir.
Je le promets, ni Jack ni aucun autre homme sur terre.
— Prends soin de toi, Tracey.
— Je te le promets, Brenda.
Je remonte la Cinquième Avenue pour retrouver Kate comme prévu à midi. Elle aussi, comme Brenda, me soûle de conseils avisés. Je vais finir par croire que je ne peux pas diriger ma vie comme j’en ai envie. A la fin, parce que j’en ai assez de fouiller tous les rayons avec elle �
� la traîne qui parle et parle de ce que je dois dire et faire, je finis par acheter une crème aux herbes dont la composition ressemble davantage à une recette de cuisine qu’à une crème de beauté. Le tube est minuscule et coûte les yeux de la tête, dix dollars de plus que le bon d’achat du flocon. Je n’ai plus un sou sur mon compte jusqu’à la prochaine paie et je n’ai toujours pas réglé les factures que j’ai reçues à la maison.
Tout ça, c’est encore la faute de mon flocon. Alors que nous sommes chez Saks et que j’attends que Kate ait changé une horrible écharpe qu’elle a achetée à Bill pour Noël, je crois apercevoir Will au rayon des gants en cuir. J’ai soudain le cœur qui bat, comme toujours dans ces cas-là. Puis l’homme tourne la tête. Il a au moins vingt ans de plus que Will, les tempes grises et un double menton.
— Tu penses à quoi ? demande Kate qui m’a rejoint avec à la main une écharpe encore plus chère et plus moche que la précédente.
— Celle-ci, il va l’adorer, c’est sûr, lui dis-je le plus sincèrement possible et avec une pointe de jalousie, car elle, au moins, a un petit copain dans sa vie à qui elle peut faire des cadeaux.
— Tu crois ? demande-t-elle en passant son doigt dans les franges beiges. J’ai bien peur qu’il ne la porte que pour me faire plaisir.
— Enfin, Kate, tout le monde aimerait avoir une écharpe pareille !
Je lui mens pour lui faire plaisir car je sais que c’est ce qu’elle veut entendre. Et ça m’amuse aussi de penser que Bill, ce type si BCBG et si propre sur lui, va être obligé de porter cet horrible truc autour du cou. Kate regarde la vendeuse emballer son cadeau avec un sourire aux lèvres. Nous n’avons plus le temps de déjeuner, ce n’est pas plus mal car je n’ai plus que quelques pièces pour m’offrir un yaourt à l’épicerie près du bureau.
J’en suis à ma deuxième cuillerée, quand Jack fait irruption près de moi.
— Salut, dit-il comme à son habitude.
Je lève les yeux. Il me sourit, ses larges épaules occupant tout le passage.
— Salut.
Sourire. Battements de cœur. L'odeur de son eau de toilette embaume mon bureau. J’ai envie de fermer les yeux et de m’en imprégner.
— Tu as l’air d’aller mieux.
— Oui, beaucoup mieux.
— Alors, on se voit, ce soir ?
— Ce soir ? euh…, oui.
— Tu es sûre ? Tu sais, j’étais très déçu samedi soir.
— Ah ?
Il entre dans mon bureau et s’adosse à une bibliothèque.
— Oui, vraiment.
— Même après…
Ferme-la, Tracey !
— Même après le coup de la photo dans le cadre ?
Voilà, je n’ai pas pu m’empêcher de le dire parce que de toute façon, il faut toujours que je sabote tout ce qu’il y a de bien dans ma vie. Maintenant, c’est sûr, il va trouver un prétexte et s’en aller.
Pas du tout, il sourit. Mon Dieu, que j’aime ses fossettes !
— Oui, c’était bizarre, mais tu m’as parlé de ta copine et…
De qui parle-t-il ?
Il poursuit :
— J’ai aussi un copain qui fait des blagues idiotes comme celle-ci.
— Euh, ah oui ?
— Oui, mon copain Danny, il est capable de faire des mauvais coups comme ta copine avec le cadre.
Ça y est ! J’y suis ! Il parle de ma prétendue copine auteur du malheureux encadrement. Je n’aime pas beaucoup mentir mais ce canular me sauve la vie, et Jack a toujours envie de sortir avec moi. Si je lui dis la vérité, il va me prendre pour une tarée.
— Je suis contente que tu le prennes bien, tu sais. Si je m’étais vue en photo dans le salon d’un mec que je ne connais que depuis une ou deux semaines, je l’aurais mal pris !
— Je trouve qu’il faut quand même respecter un délai minimum avant d’encadrer une photo comme celle-là. Un mois au moins.
Je le dévisage, interloquée, puis je me rends compte qu’il plaisante.
— Un mois, tu crois ?
— Oui, pas toi ?
— Je dirais au moins six semaines, dis-je en me passant la main dans les cheveux, consciente de l’effet que je lui fais. En fait, je pense que deux mois, c’est vraiment le minimum.
— C'est long, non ?
— Je t’accorde un mois mais seulement pour les cas particuliers.
— Bon.
Nous nous sourions en silence. Je me sens de nouveau bien avec lui comme si nous avions repris une relation normale. Même si ce mot, au tout début de notre relation, peut paraître étrange. Et quelque part au fond de moi, ça me fait plaisir de me dire que d’ici quelques semaines, je pourrai peut-être sortir la photo de son enveloppe et la replacer dans le cadre.
Lundi soir, après le boulot, Jack m’emmène dîner dans un petit restaurant italien vers East Fifties. Comme il y a un piano-bar, nous buvons quelques capuccinos après le dîner en chantant de vieilles chansons de Noël. C'est super et très drôle. Peu importe que Jack chante faux, il chante de tout son cœur et il est heureux. Puis nous allons chez moi. Je ne sais plus lequel des deux l’a suggéré et cela n’a aucune importance…
Mardi matin, nous partons au boulot ensemble. Ça me fait tout drôle d’arriver avec Jack et de prendre l’ascenseur avec lui. Pour une fois, il n’y a personne et l’ascenseur est vide. Quand il appuie sur les boutons de nos étages respectifs, je murmure :
— Et si quelqu’un nous voyait ?
— Et alors ?
Les portes se referment. Il m’embrasse. Quand les portes se rouvrent, il m’embrasse toujours. Et alors ?
Ce matin-là, Buckley me téléphone.
— Ça va, après la soirée de dimanche ?
— Oui, dis-je en ressentant une pointe de culpabilité. Pourquoi me demandes-tu cela ?
— Parce que tu ne m’as pas appelé hier.
— Toi non plus.
— Je voulais voir si tu allais m’appeler.
— Et moi aussi.
Tu parles, j’étais avec Jack. Mais ça ne regarde pas Buckley.
— On déjeune ensemble ?
— Impossible, je fais des courses avec Latisha et Brenda. Nous devons aller dans un sex-shop acheter des bricoles pour la fête d’Yvonne.
— Sans blague ? Tiens, au fait, pourrais-tu me prendre une ou deux culottes comestibles ?
— Buckley ! Tu es dégueulasse !
— Je plaisante, Tracey, tu as raison, c'est dégueulasse... Cela dit, si tu vois un truc qui pourrait me…
— J’ai compris, une paire de menottes et un fouet, c’est d’accord.
— Comme ça, on pourra les essayer vendredi soir après le spectacle.
Glop.
Mon estomac se serre. J’avais oublié vendredi soir ! Nous n’en avons pas parlé avec Jack. Il a peut-être oublié. Pas Buckley, en tout cas.
— Je plaisantais pour les menottes, tu sais, dis-je en riant nerveusement.
— Et à propos du fouet ?
— Euh…
— Relax, Tracey, moi aussi je plaisante.
— Ah, c’est bien, parce que…
— Tu n’es pas sadomaso ?
— Non ! Et toi ?
Désolée, mais nous n’avons jamais parlé de ce genre de choses avec Buckley. Sonja avait un sacré caractère et je me suis souvent dit qu’elle devait le mener à la baguette, mais si ça se trouve, c’était le contraire ! Allez savoir ce qui se passe réellement dans un couple !
— Ce n’est pas mon truc, répond Buckley, coupant court à mes réflexions. Tu sais, je déteste souffrir.
Je me souviens en effet de sa phobie des piqûres et du dentiste en particulier.
— On ne se voit pas avant vendredi soir ?
— Je ne crois pas, dis-je. Demain soir, j’ai la soirée d’Yvonne, et jeudi, c’est la soirée à la laverie avec Raphaël. On peut déjeuner ensemble…
— Pas grave, j’ai un boulot fou, je vais travailler à la maison cette semaine… Et on se voit vendredi.
— Super.
> Il a un petit rire et poursuit.
— C'est bizarre, non ?
— Quoi ?
— Tu sais bien… C'est à la fois comme d’habitude et un peu différent.
— Tu trouves ? dis-je d’un air surpris.
Mais je ne suis pas étonnée de sa remarque. Il a raison, notre baiser a tout changé. Il n’est plus Buckley mon ami, mon confident, celui qui sait tout de ma vie. Il est Buckley, mon petit ami potentiel.
— On se voit vendredi, alors ?
— D’accord.
En espérant que Jack aura oublié mon invitation ou qu’il sera retenu à Atlanta…
Mais Jack n’a rien oublié du tout. Mercredi matin, il me fait parvenir son programme par mail.
« Comme mon vol atterrit avant 17 heures
vendredi, je pourrai aller au Radio City avec
toi. »
Il signe d’un petit dessin représentant un bonhomme arborant un large sourire. Je réponds aussitôt :
« C'est génial, je suis supercontente ! »
Et maintenant, on fait quoi ?
Jack m’invite à dîner. Je suis presque soulagée de lui dire non à cause de la soirée d’Yvonne. Il passe à mon bureau juste avant 17 heures.
— Je voulais te dire au revoir, je décolle très tôt demain matin.
— Oh… Tu vas me manquer.
Il se penche et m’embrasse.
— Sois sage en mon absence, n’est-ce pas, Tracey ?
Waouh ! On dirait qu’on est mariés.
— Il paraît que Le Fabuleux B est un chaud lapin, dit-il en souriant.
— Je garderai mes mains dans mes poches.
— Si ta fête ne se termine pas trop tard et si tu en as envie, tu peux venir chez moi ce soir.
— A Brooklyn, ça fait une trotte.
— Je me coucherai tard, passe si tu veux.
— D’accord, lui dis-je en souriant.
— Sinon, je te dis à vendredi, je t’appelle dès que j’aurai atterri.
— Super.
Il s’en va. Je suis tétanisée et me demande lequel des deux je vais emmener avec moi à la soirée de vendredi. A ce moment, Latisha entre dans mon bureau.
— Brenda nous attend à l’ascenseur, tu es prête ?
— J’arrive..
— Tu as les zizis en chocolat ?